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Être Mariste

@ CelineThizy

Chantal Dessirier a réalisé cette œuvre à la fin des années 60 dans un style directement inspiré de la statuaire océanienne (La Neylière, 69590 Pomeys – www.neyliere.fr)

Corinne Fenet, laïque mariste, commente les six tableaux de la fresque qui se trouve au-dessus de la tombe du Père Colin, fondateur de la Société de Marie (cf. Regards maristes, n°32, automne 2016).

 

1-Marie à l’Annonciation…

Je regarde l’ange.
Perpendiculaire : il est là et il vient d’ailleurs.
Personnage céleste. Il porte la lumière.
Marie est à genoux. Les yeux grands ouverts.
Je suis la servante du Seigneur. Qu’il m’advienne selon ta parole.
La Parole qui déjà germe visiblement dans son ventre. Se déploie.
À l’inverse d’un nourrisson replié.

 

 

2-Marie à Nazareth…

Le personnage céleste et la lumière ont disparu.
Mais ils restent bien trois : le chiffre divin de la relation.
Marie, Joseph et leur enfant. Famille ordinaire.
Tandis que Marie conservait avec soin toutes ces choses dans son cœur.

Et n’oublions pas, en contemplant l’icône, que c’est elle d’abord qui nous contemple. Marie nous présente son enfant.
Elle nous l’offre. Et nous voilà pris dans l’histoire, transformés en Syméon ou en Anne. En bergers ou en mages. Prendrons-nous dans nos bras l’enfant que Marie nous tend ?

 

3-Marie à Jérusalem…

Mais déjà l’enfant s’est évadé des bras. Déjà il est ailleurs. Marie ni Joseph ne sont là. Ils le cherchent.

Mon enfant pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois ! Ton père et moi, nous te cherchons angoissés. Comment se fait-il que vous m’ayez cherché ? Ne le saviez-vous pas ? C’est chez mon Père que je dois être.

Quel est donc cet autre Père dont le Fils se réclame ? Efface-t-il donc sa propre mère pour qu’on ne la voie plus sur l’image ?

 

4-Marie à Cana…

La naissance de l’Eglise, la naissance des disciples, notre naissance. Voilà qu’il a besoin de nos jarres de terre. Besoin de l’insipidité de notre eau pour en faire le vin de la fête.
Nous ne l’inventons pas. C’est Marie qui nous le dit : Tout ce qu’il vous dira, faites-le.
Jour de fête. Nous laisserons-nous faire ?

 

 

5-Marie au Golghota…

et au jour sombre du malheur. Agenouillée comme au jour de l’Annonce. De l’annonce à la naissance. Songez ! 33 ans seulement : ce n’est rien pour une mère !

De l’accueil de sa vie à l’endeuillement de sa mort. 33 ans. Seulement. Elle ne sait pas encore, femme ordinaire, que le bois qu’elle serre est d’une autre essence que celui du berceau. Celui qu’avait fabriqué Joseph. Elle ne sait pas encore : c’est pour ça qu’elle a les yeux fermés. Mais ce qu’elle sait, de savoir instinctif de mère et de mère qui voit mourir son enfant, c’est que, s’il n’est plus là… c’est qu’il est ailleurs. La croix est vide déjà. C’est alors que celle qui a tellement donné nous est, comme son fils, livrée. Et par son fils, confiée. Pour qu’elle prenne soin de nous. Pour qu’à notre tour nous prenions soin de toute souffrance. Voici ta mère.

 

6- Marie à la Pentecôte… elle se dresse.

Ressuscitée à son tour. Première des disciples. Eclatante de joie. Elle lève les bras pour nous accueillir. Elle lève les bras pour nous entraîner. Elle lève les bras pour nous inviter au chant. Sa bouche s’est réouverte au Magnificat. Elle n’a plus besoin de l’ange, porteur de lumière. Elle-même est lumière.

Les disciples sortent à leur tour de l’ombre.

De l’ombre de la mort et de celle de la peur. De l’ombre de la croix. Ressuscités, eux aussi. Lumineux, à sa suite.

A la suite de son premier-né. Et tels des nouveaux-nés. Renaîtrons-nous avec eux ?